En Allemagne comme en France, les descendantes d’immigré·es originaires de Turquie subissent des expériences de minorisation complexes fondées sur le manque ou le trop-plein de visibilité au sein de la société. L’étude de la mobilité sociale ascendante de ces femmes dans les deux pays permet de relever le poids des discriminations qu’elles rencontrent dans le cadre scolaire et professionnel. Le racisme anti-turc exacerbé en Allemagne, ou les stigmatisations, plus feutrées mais tout aussi mortifères, qui ont cours en France sont autant de freins à la mobilité que leurs parcours de vie ont entrepris de faire céder. A travers une méthodologie comparée, l’auteure nous invite à comprendre la façon dont les contextes migratoires différents de la population turque entre deux pays et la position vis-à-vis de la migration permet de mettre en évidence une différenciation sur les expériences vécues. Néanmoins, ces différences connaissent des traits communs en ce qu’il s’agit de profils de femmes marginalisées dont les expériences sont complexes et, en soi, uniques. Là où en Allemagne, le statut de la femme d’origine turque ne constitue pas de difficultés de “catégorisation”, en France, la femme turque est souvent considérée comme soit blanche, soit arabe. Cependant, les deux catégorisations connaissent un facteur problématique en ce qu’elles sont, pour une restreint l’individu uniquement à son origine et, pour l’autre, fausse et procède à l’effacement de tout un peuple et sa culture. Cet article, pédagogique et riche en informations, nous permet de comprendre la complexité des expériences grâce à une illustration, pas par pas, des cultures française et allemand.

Cet article nous invite à nous questionner sur la manière dont l'expérience de l'immigration est différente en fonction du contexte culturel et à nous intéresser à la manière dont le statut des femmes issues de l'immigration est parfois, sinon souvent, restreint à leur origine entraînant une marginalisation et renforçant les discriminations qu'elles peuvent subir.